Comment une structure d’investissement familial s’est engagée à accroître radicalement son impact positif sous l’influence de la next gen ?
Emilie Bonamy et Virginie Mayolle, vous êtes consultantes coachs chez ELB Conseil et vous avez accompagné les actionnaires de cette structure d'investissement dans l'alignement progressif de leur vision et l'élaboration d'une raison d'être. Racontez-nous !
Quel était le contexte de départ ?
Lorsque le directeur général de ce fonds d’investissement a pris contact avec ELB Conseil, il était à la recherche d’une aide extérieure qui lui permettrait “enfin” de passer à l’action.
Son patron, un brillant entrepreneur, allait vendre son entreprise. Il souhaitait développer rapidement un fond d’investissement rentable et réinvestir dans des entreprises qui le passionnaient, de belles marques de l’excellence française auxquelles il voulait apporter son talent d’innovateur technologique et de développeur..
Mais lorsqu’il se réunissait avec ses deux enfants, qui étaient devenus actionnaires, les conversations tournaient vite en rond. Ces jeunes adultes d’une trentaine d’années peu intéressés par l’argent et très pris par leur travail ne voulaient pas se retrouver plus tard avec un fonds qui n’aurait pas de sens pour eux. Il voulait que leur très forte sensibilité à l’impact, à l’épuisement des ressources naturelles soit prise en compte.
Derrière la demande d’une charte familiale, le besoin réel était d’arriver à s’accorder rapidement sur une stratégie d’investissement.
Qu’avez-vous noté comme obstacles en chemin ?
Nos clients manifestaient un agacement certain :
Le sentiment de part et d’autre de ne pas être entendus sur leurs besoins.
Des enfants qui souhaitent que leur père ne soit pas le seul décisionnaire.
Une envie d’aller vite, incompatible avec le temps d’accordage sur leurs valeurs et leur vision commune.
Des pratiques d’information à l’opposé : des jeunes qui partagent tout sur google drive. Le père et son DG dans une communication strictement orale.
De ce fait ils rencontraient une difficulté à mener des réunions productives et à s’aligner sur une politique de réinvestissement.
Quelle a été la stratégie d’accompagnement d’ELB Conseil et les principales étapes ?
Nous avons immédiatement identifié qu’il fallait les aider à mieux s’écouter, mieux dialoguer, pour rapprocher des envies qui n’étaient pas si éloignées sans pour autant réussir à se rencontrer.
Nous avons commencé amené le père et ses deux fils à travailler sur la vision et la raison d’être de ce fonds d’investissement. C’est en se mettant d’accord sur le pourquoi de ce fonds qu’ils ont pu s’entendre sur comment le mettre en œuvre.
Dans notre posture de coach, nous avons réalisé des entretiens individuels, et huit séances de trois heures en intelligence collective.
Nous leur avons permis de s’accorder entre eux sur leurs désirs profonds dénominateurs communs.
Nous avons travaillé leur communication de façon permanente au fil de toutes ces séances, et le processus de vision et de raison d’être a permis d’établir de bonnes pratiques de communication et de co-construire leur gouvernance.
Avez-vous vécu des moments particulièrement moments forts ?
- Sortir du cadre, s’aérer et marcher ensemble vers la MAIF Social Club pour s’inspirer des 17 Objectifs de Développement Durable et des réponses pragmatiques apportées par d’autres entrepreneurs.
- Partir des expériences réussies de chacun dans leur manière de travailler : les enfants dans leur association, le père dans son activité avec son partenaire DAF de toujours.
- Les faire pitcher devant nous pour présenter l’histoire et les caractéristiques du fond.
- Et surtout aboutir avec eux à un document synthétique précisant la raison d'être, les ambitions, les axes stratégiques, les thématiques, les modalités d’investissement et de gestion, et le planning d’investissement.
Concrètement, quels sont les résultats atteints en terme d'impact positif ?
Trois actionnaires se sont mis d’accord sur une raison d’être “aider à la sauvegarde et au bien-être de l’humanité” et sur la stratégie d’investissement et..., un an et demi plus tard, le Président nous dit "Ce qui est notable, c’est qu’on a dit qu’on le ferait, et on le fait !"
”On a créé trois branches dans le fonds d’investissement, - une branche croissance & innovation, une branche impact, une branche excellence - et un fonds de dotation.
Les investissements croissance et innovation vont s’arrêter fin 2023 de façon que l’ensemble de ces fonds soient affectés à la branche impact. Et le retour sur investissement sera investi dans le fonds à impact. On a déterminé sur le fonds croissance et innovation des critères RSE beaucoup plus strictes que les fonds traditionnels avec un gros travail sur nos critères d’analyse, et on s’en sert chaque fois qu’on veut investir dans une entreprise.
On a recruté une directrice d’investissement qui ne s’occupe que du fonds impact. On a déjà fait pas mal d'investissements à travers des fonds et en direct, dans le biogaz pour des entrepreneurs paysans, des tablettes pour les non-voyants qui permettent d’écrire en brail et de communiquer avec l’extérieur.
Sur la partie fonds de dotation, avec 400 K€ par an, nous soutenons des projets tels que la lutte contre le plastique, le soutien à de jeunes artistes émergents, l’aide à une association pour la réinsertion des prisonniers. Quand ces prisonniers passent par notre association, 70 % d’entre eux ne retournent pas en prison au lieu des 70 % qui y retournent généralement après une réinsertion".
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