http://madame.lefigaro.fr/societe/madame-network-les-cinq-cles-pour-travailler-en-famille-060215-94284 retrouver aussi l'interview par Lucile Quillet du Figaro.
Travailler en famille, est-ce pour vous une fausse bonne idée ?
Au départ, j’adhérai à l’idée reçue qu’il valait mieux éviter. Et puis, le contact avec des personnes qui travaillent en famille, soit dans les entreprises, soit dans une Association m’a convaincu des fantastiques atouts du travail en famille : la rapidité de réaction, la capacité à communiquer et à se comprendre à demi-mot, la vitesse de décision que ce soit dans les petites ou les grandes structures. La compréhension des enjeux est immédiate. Les circuits de validation sont réduits. Evidemment, cela est possible grâce à un partage des valeurs et une culture d’entreprise forte et partagée.
Quelles sont les difficultés rencontrées par les familles qui collaborent ensemble?
La mésentente, les rivalités, les jalousies, les rancoeurs sont le pire cas de figure. Cela peut parfois mener au drame, tant pour les individus que pour l’entreprise. Heureusement, c’est loin d’être la majorité des cas. Alors d’autres difficultés guettent : j’ai pu observer le cas où l’entreprise est au service de la famille, et où les décisions ne se prennent plus dans l’intérêt social de l’entreprise mais dans l’objectif de maintenir le bien-être des membres de la famille. Cela a été le cas d’une famille ou la préservation de l’emploi des 50/60 ans jusqu’à l’âge de la retraite était devenue plus importante que de recruter de nouvelles compétences, s’adapter au monde qui change, etc. Résultat, la famille a du vendre récemment et pas dans les meilleures conditions. Cela m’a vraiment peinée. A l’inverse, vous pouvez avoir des familles axées purement business, qui vont négliger les aspects affectifs, relationnels, émotionnels. Du coup, l’entreprise tourne, mais les liens entre les cousins diminuent, le contact est négligé, et quand des crises apparaissent, elles sont d’autant plus difficiles à résoudre. C’est pourquoi il est absolument nécessaire de « réguler » le système et d’anticiper toutes ces difficultés prévisibles.
Quel management adopter pour éviter les conflits ?
Il est fondamental d’élaborer ensemble des règles partagées, cela va réduire considérablement la probabilité d’un conflit. Cela se traduit par un processus qu’on appelle charte familiale qui donne l’occasion avec l'aide d'un consultant de poser les sujets délicats, de travailler ensemble et du coup de mieux se connaître, et de traiter les conflits larvés. Lorsqu’une situation délicate émergera, on saura d’emblée comment réagir car les principes et les règles auront été posés en amont. Les familles qui ont rédigé leur charte familiale, en mesurent aujourd’hui tous les bénéfices. Parfois des conflits du passé subsistent et il est bon de s’appuyer sur les nouvelles générations pour les dépasser.
Par ailleurs, il est important de bien connaître les compétences et les limites de chacun pour bien jouer la complémentarité, et si toutes les compétences ne sont pas présentes, ne pas hésiter à aller les chercher en dehors de la famille. Enfin, il ne faut surtout pas « forcer » un jeune à travailler en famille s’il ne le désire pas. Qui sait s'il n'en aura pas envie plus tard ?
Comment ne pas tomber dans le "trop plein" de la présence familiale ?
Même si je trouve que faire un stage dans l’entreprise familiale est très formateur et développe l’affectio societatis, je recommande que les jeunes puissent ensuite faire leur premières expériences professionnelles en dehors du cercle familial pour se forger leur propre identité et revenir avec un champ de vision élargi.
Autre conseil très pratique : user et abuser des changements de « casquettes ». Si je travaille avec ma mère, mon frère ou mon cousin, je mets ma « casquette de salarié » et c’est le n+1 ou le collaborateur que je vois en eux, pas mes relations affectives. De même, si je vais à un déjeuner de famille ou à un mariage, je mets ma « casquette famille » et j’évite de parler boulot. Et puis, vive les escapades en-dehors de la famille, dans d’autres milieux et d’autres horizons : participer à la vie citoyenne de son pays, à une association, voyager, faire du sport, bref, avoir son équilibre personnel en dehors de la famille.
Pour aller plus loin et rédiger une charte sur le travail en famille, n'hésitez pas à contacter [email protected]
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